Le téléphone s’alluma, révélant un message de son superviseur. Demain, 5h30, donjon de rang D. Froid et concis, si l’homme l’appelait initialement, le sarcasme constant ou presque de la prisonnière l’avait rapidement gonflé, et il évitait désormais les contacts directs tant qu’il le pouvait. Elle jeta un coup d'œil à la pendule, découvrant qu’il était 21h. Le calcul était vite fait, si elle voulait pouvoir dormir un tant soi peu avant demain, elle était bonne pour y aller maintenant. Roulant du regard, la jeune femme éteint la télévision, qui ne diffusait de toute manière rien de passionnant, avant d’aller s’allonger, contemplant un instant le plafond avant de fermer les yeux.

L’alarme retentit, 4h15. Longue exhalation de fatigue. Non, définitivement, se lever à ce genre d’heures ne lui convenait pas, quand bien même elle n’avait pas toujours le choix. Ses pieds touchèrent le sol avant de venir supporter le poids de son corps dans un équilibre précaire alors qu’un pied était utilisé pour gratter un mollet, le bruit d’un bâillement résonnant dans le pavillon vide de vie. Le temps d’une douche, d’un café chaud, d’un petit déjeuner et le bruit de l’intercom retentissait, la voix d’un chasseur en émanant.

“ Nous allons entrer. Veuillez vous tenir au milieu de la pièce, les mains bien en évidence et coopérer.”

Une rengaine qu’elle entendait à chaque fois, comme s’il la pensait assez stupide pour ne pas connaître la procédure à ce stade. L’obsession des japonais avec la loi et leur besoin que les choses soient carrées l’agaçait par moment, et c’était un de ceux-là. Posant bien en évidence une petite boîte sur la table à côté d’elle, elle se leva, mains devant elle, paumes tournées vers le plafond.

Quelques instants après, une femme qu’elle reconnaissait entra, utilisant la clef passe-partout dont disposaient les agents gouvernementaux qui venaient la sortir. Yuki, qu’elle s’appelait. Pas une ange gardien, mais elle la traitait comme une personne, contrairement à d’autres. Par le passé, un des chasseurs avait craché dans son café quand elle avait demandé une minute pour le finir, la raillant ouvertement en l’invitant à le finir. Les choses avaient manqué de dégénérer, elle de retourner en prison et lui de rentrer chez lui dans une boîte en bois. La seule raison pour laquelle ça n’avait pas fini ainsi en fait, c’était le témoignage de l’autre chasseur, qui avait dénoncé la provocation de son collègue. L’homme n’avait pas reçu de blâme, mais il avait été jugé plus sage de le retirer de la rotation de surveillance. Quant à elle, un rappel extrêmement strict sur les conséquences de ses actes lui avait été administré…

Sous les ordres de Yuki, elle joignit ses poignets, de manière à ce que la gardienne puisse sangler ses bras, puis son torse et son cou. Elle se saisit de la petite boîte que la prisonnière avait posé auparavant et l’ouvrit, en sortant deux écouteurs qu’elle inséra dans les oreilles de la tueuse avant de lui glisser le baladeur dans les mains immobilisés, les recouvrant de moufles, au cas où lui prendrait l’envie de crever les yeux d’un de ses gardiens, ou d’un autre prisonnier pour ce que ça changeait.

“ Merci.”

Elle ne répondit que d’un hochement de tête, finissant de vérifier que toutes les sécurités étaient en place, avant de l’inviter à la suivre, la faisant monter à l’arrière d’un fourgon pénitentiaire qui abritait déjà trois personnes. Deux criminels, reconnaissables à leurs habits, et un autre chasseur chargé de les surveiller. Un homme cette fois, qui lui était sympathique. La prisonnière n’avait jamais réellement compris pourquoi, mais le chasseur semblait l’avoir prise en pitié. Sa présence était la bienvenue. En fait, la meurtrière était désormais convaincue que, malgré ce réveil de bonne heure, ça allait être une bonne journée. Deux gardiens sympathiques? Elle n’en demandait pas tant. Assise sur un banc à l’arrière du fourgon, les jambes désormais sanglées également pour s’assurer qu’en cas d’accident ou d’intervention extérieure, une fuite lui serait impossible.

Son pouce glissa dans la moufle, lançant un vieil air musical plus vieux qu’elle, et plus vieux que ses parents également, qu’elle fredonna à voix basse, d’un ton joyeux. Probablement pas très règlementaire, elle s’était déjà faite engueuler pour ça, mais pour être honnête, c’était sûrement une zone grise dépendant du gardien. Ceux qui n'avaient rien contre elle ou qui étaient de bonne humeur la laissaient faire, ceux qui décidaient d’être des salauds la faisaient taire immédiatement.

Elle ferma les yeux, se contentant de sentir les occasionnels rebonds du fourgon sur la route, fredonnant pendant un moment avant d’arrêter, parfois passant ou rejouant une musique, jusqu’à ce que finalement, le véhicule s’immobilise. Elle rouvrit les yeux, constatant que le soleil jusque là timide commençait à imposer sa présence, remplissant l’arrière du fourgon alors que les deux premiers condamnés descendaient, escortés et remis à deux hommes à l’extérieur avant que Yuki ne délie les sangles des jambes de la reprise de justice, soudainement prises de fourmillements.

La chasseuse se releva, retirant les écouteurs des oreilles de la demoiselle pour les remettre dans leur petite boîte, rangée dans un coin du fourgon avec le baladeur.

“ Allez, debout, c’est l’heure de gagner sa croûte.”

“ C’est pas déjà ce que vous faites en me surveillant?”

“ Je parlais de la tienne.”

Sourire en coin vite effacé pour reprendre un air professionnel, la prisonnière se leva pour précéder la chasseuse dans sa sortie, réceptionnée par Masato au cul du fourgon. Les deux gardiens l’encadrèrent, l’amenant lentement vers le portail. C’est Masato qui prit la parole en premier, présentant la situation.

“ Masato Sato, Tank de rang A. Je suis accompagné de mes collègues Yuki Sato, Ascète de rang A également et Kazuho Ameyuri, Soigneuse de rang C. Nous escortons les prisonniers Jurou Kimura, Soigneur de rang D, Koichi Sasaki, Mage de rang C et Liliana Rosengarten, Combattante de rang A.

Je suppose que vous êtes les premiers membres du groupe prévu?”

“ Kazuho est là?”

Surprise, la jeune femme tourna la tête de presque trois degrés avant d’être cruellement rappelée à l’ordre par les entraves qui immobilisaient presque toute la partie haute de son corps. Sa tête revint en position neutre avant qu’elle ne fasse remarquer d’un ton ennuyé.

“ Dites, vous pouvez m’enlever tout ça maintenant qu’on est arrivés? C’est extrêmement inconfortable, et si on se fait prendre en embuscade dès l’entrée du donjon, vous n’aurez pas le temps de me libérer, rang D ou non. En plus j'aimerais bien pouvoir m'étirer un peu.”

Elle n’avait pas tort en un sens. De là à dire que ses gardes allaient obtempérer, il y avait un pas.

Oui, Kazuho était là. C’était définitivement une TRÈS bonne journée. Elle aurait difficilement pu tirer une meilleure main sur ses gardes, sauf si on incluait Jairo, qui n’aurait de toute manière pas été présent pour un donjon de rang D. De l’enjouement? Oh que oui, la tueuse était enjouée. La perspective d’aller mettre sa vie en jeu pour quelques pièces ne l’excitait pas tant que ça, mais savoir que les forces de l’ordre ne chercheraient pas à la brutaliser pour… à peu près n’importe quelle raison possible, ça, ça la rendait heureuse. Avec cette chance de son côté, elle n’avait aucun doute que ce donjon serait une sinécure ou presque.

S’amuser, elle ne le ferait probablement pas, elle avait appris à plusieurs reprises que “s’amuser” dans un donjon, c’était baisser sa garde, et que c’était souvent fatal. Pour autant, ça ne voulait pas dire qu’elle ne pouvait pas, disons, profiter un peu de la situation pour défouler la frustration d’être confinée toute la journée dans un pavillon. Ou celle d’avoir vu sa demande d’une sortie dans un restaurant refusée. Ou n’importe quelle autre chose qui, irrémédiablement, finissait par s’accumuler dans les égouts des sentiments humains jusqu’au débordement. Un débordement qu’elle avait intérêt à éviter pour le bien de tout le monde, à commencer par le sien.

Quant à ce qu’elle avait écouté, la jeune femme ne pût s’empêcher de se mettre à rire toute seule. Si elle lui disait qu’elle avait eu Psycho Killer dans les oreilles, est ce que quelqu’un rirait de la blague, ou est ce que ce serait de trop mauvais goût? Est ce que quelqu’un COMPRENDRAIT la blague même, ou est ce que c’était déjà bien trop vieux pour que quelqu’un se souvienne que la chanson existait? Son rire redoubla avant qu’elle ne parvienne à le contenir, les commissures de ses lèvres s’agitant alors que son esprit se demandait ce qui se passerait si elle se mettait à chanter le refrain. Ce serait sûrement drôle dans l’instant, mais elle aurait de la chance si on la laissait dans son pavillon. Les jumeaux Sato étaient sympathiques, mais ils avaient leurs limites également. Finalement, elle opta pour l’album qui avait duré la quasi intégralité du trajet.

“ Scorpion.” D’accord, vu l’âge du groupe, ça risquait de ne pas beaucoup aider.”Un vieux groupe allemand, des années 60-70.”

Avec une justesse étonnante pour qui ne connaissait pas le nom Rosengarten et son patrimoine musical, elle entama le premier couplet de Still Loving You, sans aucun doute une des rares musiques du groupe qui avait survécu au temps, passant encore occasionnellement à la radio. Les classiques restaient les classiques, et celui-là faisait partie de ce groupe des “chansons romantiques indétrônables”.

Elle s’arrêta à la fin du premier couplet, décidant de ne pas pousser trop loin. Si on lui pardonnerait sûrement un début de chanson pour illustrer son propos, entamer une performance de près de sept minutes sans aucune raison ne serait probablement pas très apprécié.

Devant le portail, les deux autres prisonniers fûrent libérés, avant que Yuki ne s’approche de la jeune femme, la gardant bien en vue avant de commencer à libérer les sangles, laissant ainsi les bras de la criminelle enfin se détacher, sans pour autant qu’elle ne le fasse plus que de raison. S’agiter maintenant, avec un garde encore à côté, c’était un bon motif de se faire plaquer au sol et maîtriser, bienveillance ou non. Un prisonnier qui s’agite, c’est une menace potentielle, et les gardes étaient entraînés spécifiquement pour que ce genre de menace ne dégénère pas. Patiemment, l’allemande attendit donc que l’ascète finisse de retirer ses liens et se recule avant de s’étirer pour réveiller ses muscles.

C’est Masato qui s’approcha ensuite, armes en mains. Une hache courte assez standard, une arme que la jeune femme appréciait particulièrement et dont elle avait toujours eu l’impression que le manche était fait pour ses paumes, quatre hachettes plus petite, destinées au lancer. Une attention presque touchante aux yeux de la jeune femme, qui le remercia avec sincérité, mais sans effusion. Le prendre dans ses bras et lui faire la bise était probablement une des pires idées qu’elle aurait pu avoir…

La jeune femme retira le T-shirt qu’elle portait, révélant en dessous un haut en cuir plus ou moins modelé sur les débardeurs et dont les sangles laissait plein mouvement aux épaules. Le T-shirt finit sa course coincé entre le pantalon ample et son bassin et la jeune femme commença à attacher les hachettes à sa ceinture, de manière à pouvoir les récupérer au moindre besoin alors que les deux inconnus se présentaient. Un assassin chinois qui n’avait pas l’air de la considérer et une mage sans confiance en elle, mais avec un cerveau fonctionnel.

“Ce n’est pas prévu non. Criminels ou pas, je considère qu’ils sont là pour remplir leur rôle dans un groupe, pas pour faire le travail de dix personnes.

A titre personnel, je préfère nettoyer le donjon, prendre du temps pour miner puis refermer le donjon après élimination du boss. Si vous y voyez une objection, n’hésitez pas à le dire, certains groupes préfèrent une fermeture rapide quitte à faire moins de profit et je préfère avoir l’opinion de chacun, ou au moins un accord majoritaire.”

“ Je peux demander à ce qu’on finisse vite pour rentrer vite?”

“ Tu peux, mais ce ne sera pas retenu.”

La tueuse gonfla les joues, comme boudant un peu avant de se reprendre. Elle savait pertinemment que de toute façon, son opinion hors du donjon n’était pas prise en compte. Une fois dans le donjon, les choses pourraient changer selon la situation, mais dans le donjon ils n’étaient pas encore.

Jusqu’à passer la lueur bleue en tout cas.

Et derrière celle-ci, grand carrelage gris doux, plusieurs  piliers, grand bureau… Ça lui rappelait vaguement un hôtel français dans lequel elle avait dormi par le passé. Un trois étoiles? Ça devait être ça. Le grand hôtel de… Pas moyen de se rappeler la fin. Pas que ça avait vraiment d’importance de toute manière.

Bon point pour la mage en manque de confiance, elle s’était renseignée. Des plantes volantes, très grosses, apparemment carnivores. Très fragiles ceci dit, comme des spores. Jusque là ça se tenait, si ce n’était qu’elle n’avait jamais vu ce genre de monstre, et que le manque d’information, ça pouvait être fatal.

Alors qu’elle examinait les murs, cherchant une vague trace de spore, moisissure ou fleur, sans réel résultat, son attention se reporta soudainement sur le fond de la pièce, où un bruit de craquement résonna, révélant au passage un homme, visiblement parasité par une plante. Qui dominait, la tueuse n’en savait rien, mais avant qu’elle ai eu le temps d’y réfléchir, sa main fusa jusqu’à l’une des hachettes, l’arrachant de son attache avant de la projeter avec violence dans la tête de l’individu, qui tomba à genoux, puis face contre terre.

Un léger silence régna, durant lequel elle se demanda si c’était bon, avant que la créature commence difficilement à se relever. Bon, ça n’aurait pas pu être si facile, évidemment. Une seconde hachette ne servirait probablement à rien, et l’homme-plante avait fini de se relever, hachette toujours plantée dans le crâne. Le sang semblait couler, mais pas autant qu’il aurait dû pour une blessure à la tête.

“ Un monstre, voilà ce que c’est. C’est un donjon, il y a des monstres. Jusque là, rien de surprenant, si?”

Ceci dit, si la tête n’était pas le point faible, alors il fallait détruire la plante elle-même, et là c’était un brin plus compliqué. Forte elle l’était, mais de là à déchirer le corps de quelqu’un en deux, il y avait un écart. Avec une rune elle aurait sûrement pu, mais… Le problème venait surtout du fait qu’ils ignoraient tout de ce monstre. Était-ce un solitaire, une avant-garde? Elle essaya de déterminer au bruit, mais pas grand chose.

La plante toujours tournée vers eux s’immobilisa soudainement avant que le corps ne se mette à courir dans leur direction, mains tendues et croulant presque sur lui-même, mais parvenant tout de même à continuer. Les deux gardes se placèrent à l’avant, comme pour bloquer le passage, et la tueuse se faufiler entre les deux hache en main, atteignant le corps mouvant et coupant la tige d’un mouvement.

Perdu, le zombi se mit soudainement à tourner sur lui-même, donnant de grands coups de bras comme s’il était devenu aveugle. Finalement, le tranchant de la hache vint pénétrer la chair jusqu’à toucher la base de la plante, arrêtant la créature qui s’effondra sans plus bouger. La tueuse dégagea son arme du corps avant de venir faire reposer le bois du manche sur son épaule, contemplant le corps.

“ Je vais pas mentir, j’aime pas ça quand même. Visiblement, l’espèce de fleur leur sert à voir ou sentir, et la graine donne les ordres, mais j’ai aucune idée de ce que c’est vraiment. Ni même de combien il y en a.”

Avant la fin de sa phrase, un hululement strident retentit, bientôt reprit par d’autres, de plus en plus proches.

“ D’accord, je ne sais pas combien il y en a, mais on va bientôt le savoir je pense.”

Elle arracha la hachette du corps avant de venir se réfugier derrière les deux gardes. Bientôt, la pièce serait assaillie par une quantité indéterminée, mais probablement élevée de ces zombis parasités, et elle devait bien l’admettre, elle n’avait aucune envie de supporter le brut de l’attaque.

Si la tueuse avait été satisfaite de sa première élimination du donjon, les cris l’avaient ramenée à la réalité. C’était un petit portail, de bas rang, et tuer un monstre isolé était plus ou moins une évidence, surtout au vu de son rang. La foule qui risquait d’arriver en revanche était bien plus difficile. Après tout, elle s’était spécialisée dans l’anti-personnel, pas dans l’anti-armée, qui était plutôt l’apanage des mages. Son rôle à elle, c’était l’élimination des ennemis les plus coriaces et des boss, pas s’occuper de deux cents graines anthropophages volantes collées à des comptables zombifiés.

Soudainement, elle releva la tête. Bruit de métal qui frappe, on aurait dit un concert de casseroles. Ou plutôt, le bruit de gens qui courent sur des toits dans les favelas brésiliens? Elle fronça les sourcils, soudainement incertaine. La suite arrivait-elle d’en face, d’où venaient les cris, ou d’en haut, où les bruits de tôle se faisaient entendre? La réponse ne tarda pas à se présenter, sous la forme de l’expulsion violente de deux bouches d’aérations, qui avant même d’avoir touché le sol laissaient se répandre une quantité presque absurde de spores, vite rattrapée par les mages. Un réflexe que la tueuse salua intérieurement, la pure masse de plantes zombifiantes aurait suffit à décimer le groupe, ou au moins sévèrement l’handicaper sans un bon nettoyage par le feu.

Celui-ci avait ses défauts aussi bien sûr, mais rien d’insurmontable au-delà d’une vision légèrement floue par l’air chaud et une respiration un brin plus difficile. Pour elle en tout cas, elle ignorait comment les bas rangs vivraient l’expérience, mais probablement pas avec le sourire. Enfin, c’était leur problème. Le sien, c’était plutôt les deux spores qui flottaient vers elle, visiblement décidées à la mettre hors jeu.

La note lancinante percutant l’une des graines tendait à prouver que, peut-être, elle était leur problème plutôt que l’inverse. La croche disparut alors que la spore se mettait à trembler violemment avant de simplement tomber au sol, comme soudainement drainée de toute vie, une sorte de sève jaunâtre dégoulinant de la graine elle-même. Et si la seconde commençait à se rapprocher dangereusement, un projectile rougeâtre vint l’intercepter au vol, faisant voler une gerbe de sang jaune maladif qui alla entourer la tueuse avant de disparaître, laissant une graine morte au sol.

Menace immédiate écartée, la prisonnière jeta un nouveau coup d’oeil vers le haut, constatant que le flux de spores s’était tari, leur laissant donc simplement la population actuelle à nettoyer. Ça et… Au centre de la pièce, un amalgame informe s’était formé, mélange de chair et de spores fusionnés en une sorte d’hydre immonde à sept têtes. Elle restait immobile, et une étude brève permit d’apprendre à la jeune femme que la créature avait comme… raté sa fusion? Pas de jambes pour se déplacer, au mieux elle devrait abaisser ses têtes pour pouvoir se traîner à la force des bras qui habillaient ses multiples gorges. Pas une vision très agréable, il fallait bien l’admettre.

Si le rôdeur, de son côté, se voyait entouré de plusieurs ennemis, il avait aussi la chance de faire équipe avec un tank attentif. Une aura imposante se déversa sur le champ de bataille, signalant aux habitués des donjons l'utilisation d’une rune de Provocation. Un choix audacieux au vu de la quantité d’ennemis, mitigé par sa résistance innée, que les graines ne pourraient probablement pas traverser. De là, des ronces viendraient pousser autour de l’agent des forces de l’ordre, lui permettant ainsi de blesser toutes les graines qui tenteraient de s’attaquer à lui.

Yuki, quand à elle, se contenterait d’activer l’une de ses premières runes, conjurant une énergie bleutée autour de son poing droit pour venir pulvériser la spore restante près d’elle. De là, une électricité statique viendrait charger l’air autour d’elle avant qu’elle ne claque des mains, créant un champ magique orageux dont les éclairs viendraient décimer le nuage de graines restants au fil des prochaines dizaines de secondes, pour peu que tout le monde tienne.

Peu de temps après, c’est Masato qui prendrait la parole d’une voix forte, de manière à être entendu de toute la salle.

“ Est ce qu’on a des blessés, graves ou non?”

En théorie, les créatures n’avaient pas eu le temps de les agresser suffisamment pour causer des dégâts, mais il valait mieux ne pas prendre de risque. Qui savait ce qui pourrait se passer si l’un d’entre eux se faisait parasiter et que personne ne le remarquait? C’était une recette potentielle pour un désastre, tout particulièrement sur la Combattante était contaminée. Combattante qui faisait... quoi au juste?